Voilà deux semaines que nous sillonnons le Mozambique dans les pas du Sida. Ses empreintes y sont tellement profondes qu'il est impossible de dévier de sa piste. Ce n'est même plus une maladie, c'est un destin. Un destin contre lequel un peuple entier vient se fracasser. On ne meurt plus de vieillesse au Mozambique, ou si peu. Pourtant, en même temps, les survivants du Sida affichent une santé d'enfer. Ils sont de retour au champ, au bureau, à l'hôpital, dans les écoles. Par milliers, comme une génération qui renaît de ses cendres. C'est ainsi, aussi injuste qu'incroyable : l'accès aux médicaments décide du retour à la vie. Sinon, ce sera la mort. En filigrane, la maladie continue sa propagation, anonyme jusqu'aux premiers symptômes ou au dépistage précoce, torturant les chairs et les âmes ensuite. Le sida a tellement de visages.
Un jour, nous l'espérons, l'histoire prendra une orientation déterminée avec l'accès généralisé au traitement. L'histoire est en attente.